DEVIATION VERS L'ENFER (extrait)

  PREMIER Jour

Egaré

            Robert était satisfait de son dernier rendez-vous de la journée, il était venu compenser une journée en demi-teinte avec même une dénonciation de contrat. Cela l'avait affecté car le client de longue date lui avait toujours fait bon accueil. Mais, compte tenu des nouvelles directives imposées par l'entreprise repreneuse, il ne pouvait plus faire valoir leurs accords ancestraux. Heureusement, en fin de journée, une nouvelle affaire avec un contrat de plusieurs dizaines de millions avait largement contrebalancé cette perte. Robert, payé à la commission, savait aussi que ça aurait une incidence sur sa paye et le sourire qu'il arborait derrière son volant montrait son soulagement.

            Mais il avait bataillé dur pour décrocher ce nouveau client. Il n'avait pas compté ses heures pour convaincre. Il lui avait fallu lutter contre un sérieux concurrent d'outre-Rhin dont les produits étaient largement soutenus par un marché plus florissant chez eux. Ils bénéficiaient aussi de cette fameuse réputation des produits estampillés allemands. Quelquefois surfaite comme le pensait Robert. Ses arguments avaient fait mouche et il n'était pas peu fier de sa victoire. Gagner un marché était une affaire complexe, mais en remporter une face à un concurrent en était une autre.

            Aussi, malgré la fatigue due à cette éprouvante négociation, il roulait le cœur léger pour rentrer chez lui. Mais il avait encore plus de 200 kilomètres à faire sans compter qu'il devait encore s'arrêter pour se restaurer. Ce n'était certes pas le maigre sandwich de son déjeuner qui lui permettrait de tenir encore deux heures sans manger.

            Il lui fallait rejoindre l'autoroute, après quoi, il s'arrêterait dans un restaurant-étape renommé et qu'il connaissait. Là, il se requinquerait pour la dernière ligne droite vers la Bourgogne.

            Cette période de l'année n'est pas propice aux longs trajets routiers. Il fait froid, humide, avec des risques de neige, de verglas ou encore de brouillard, surtout en longeant un fleuve comme le Rhin. La vigilance du conducteur et sa concentration peuvent le conduire à la fatigue et à la somnolence.

            Habitué à ces épreuves redoutables, Robert savait qu'au moindre signe avant-coureur, il devrait s'arrêter sans hésiter. D'autant que, précisément, le jour déclinait et que la brume commençait à se former par endroits. Il relâcha un peu l'accélérateur.

            Comme il abordait une longue courbe à droite, de nouveau, une épaisse couche de brouillard le surprit. Il freina et fit décroître rapidement sa vitesse de plus de 100 km/h à moins de 70 en quelques dizaines de mètres seulement.

            Heureusement, car dans la lumière de ses phares il aperçut brusquement deux gros panneaux de chantier en plein dans sa trajectoire. Les pneus crièrent leur plainte jusqu'à l'arrêt total de la BMW.

            -           Une déviation !

         ...

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