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BIENVENUE SUR MCF

COLLISION (extrait)

Collision

 Chapitre 1

VOL CA1356

          Le tintement des tasses dans le chariot dans l'allée centrale annonça l'arrivée de la collation:

          - "Café, thé, chocolat ?

          - "café s'il vous plaît" répondit James Palwick en souriant

          C'était son cinquième café de cette traversée qui semblait ne pas en finir. Un peu plus tôt, le pilote avait annoncé qu'en raison d'un orage, le vol subirait une légère modification de trajectoire et qu'il faudrait prévoir environ 20 minutes de retard. James se pencha vers le hublot à sa gauche, le ciel était gris, et, malgré l'altitude à laquelle volait le Boeing, il n'avait pas réussi à sortir de ces nuages pour gagner le soleil. Toulouse était encore à une heure de vol et la descente n'était pas pour tout de suite.

         Après lui avoir remis un plateau avec une viennoiserie et son café, l'hôtesse rendit son sourire à James et poursuivit sa distribution en avançant au rang suivant.

          - "attention, il est très chaud" prévint sa voisine de siège.

          - "merci Audrey, vous êtes comme une mère pour moi" dit-il en la regardant malicieusement.

          Mais sa jeune et jolie secrétaire, apprécia moyennement la boutade et se replongea dans sa lecture en haussant légèrement ses épaules. Et quelles épaules! James avait beau connaître Audrey depuis trois ans déjà et ne pas s'être limité à ne connaître d'elle que ses épaules, il en aurait renversé son café de distraction si elle n'avait pas esquissé un regard furtif dans sa direction pour le ramener à l'ordre. James Palwick se dit que dans quelques heures ils seraient tous deux à l'hôtel et que là, plus rien ne les empêcherait de se laisser aller à leur ébats amoureux. Il était de ces patrons qui profitaient des voyages d'affaires pour assouvir sa passion pour son amante de collaboratrice. Et Audrey y trouvait son compte, car elle savait bien qu'un jour ou l'autre il la laisserait tomber, mais entre-temps, elle aurait fait ses armes dans le métier et beaucoup voyagé. Et puis, finalement, James était bel homme et lui apportait beaucoup de plaisir.

          Le rituel de distribution de café se poursuivait au rang 24 où David, Helen et leurs deux enfants avaient tous les quatre demandé un chocolat. Mielew le cadet n'avait d'yeux que pour le petit gâteau qui était à sa portée sur le chariot et Marie-Agnès, gentiment, le lui tendit quand elle s'aperçut qu'il lorgnait dessus. Clark son aîné eut aussi droit au même cadeau et en fut ravi. Lorsque Marie-Agnès progressa vers le rang suivant, et que l'allée fut dégagée, madame Florentine Gerwald se tourna vers Helen:

          - "vous avez deux beaux enfants"

          - "Sorry ?" fit Helen qui ne comprenait pas le français

          - "Elle dit qu'on a de beaux enfants" traduisit David pour elle, puis il se pencha vers la vieille dame et la remercia:

          - "merci, chère madame… vous voyagez seule ?" dit-il pour meubler un peu ses remerciements.

          - "oh ! non, je suis avec mon gendre et ma fille, ils sont assis juste derrière".

          - "mmm" acquiesça David poliment avant de se replacer sur son siège.

          On sentait la fatigue envahir progressivement les passagers qui profitaient du passage de l'hôtesse pour entamer une discussion, qui avec son voisin, qui avec sa famille, secrétaire, ou à défaut avec Marie-Agnès elle-même. Elle était en quelque sorte la confidente de circonstance à qui on pouvait adresser quelques mots afin de rompre la monotonie de ce long voyage. Elle portait un magnifique tailleur rose aux couleurs de la compagnie et réveillait les fantasmes des jeunes et moins jeunes hommes voyageant dans cet avion. Pourtant, bien qu'elle répondait toujours avec courtoisie aux clients les plus avenants, elle ne cessait de penser à son gentil Patrick qu'elle avait épousé quelques mois auparavant à Marseille. Et, ce soir, après que l'avion eut fait un dernier saut de puce entre Toulouse Blagnac et Marseille, elle serait dans ses bras.

          Marie-Agnès Sinths était la plus jeune des trois hôtesses du vol CA1356 et elle terminait bientôt sa cinquième traversée de l'Atlantique depuis quatre semaines. Auparavant, elle travaillait à Canadian Airlines, mais depuis qu'elle avait rencontré Patrick Armandier, elle avait choisi de changer d'employeur pour être plus souvent à Marseille. Ses deux autres collègues, elles, voyageaient depuis bien plus longtemps sur le "New-York – Toulouse" et Sandra Kelkow, la chef de cabine, ainsi que Jackie Lamborell avaient plusieurs dizaines de traversées à leur actif.

          L'avion survolait à présent la côte Atlantique, et descendit dans un couloir aérien inférieur, conformément à son plan de vol. La météo n'était guère plus agréable en France que durant les dernières heures, la pluie faisait ruisseler des filets d'eau horizontaux le long des hublots et cela masquait la vue. Pourtant après la monotonie des nuages et de l'océan, tous auraient bien voulu apercevoir le sol avec ses nuances de couleurs. Il est amusant de constater qu'une vue aérienne transforme en univers lilliputien notre environnement naturel et artificiel: les villes sont identifiables par les grosses taches reliées par des traits où circulent de minuscules fourmis montées sur roues. De temps à autre, le survol d'un lieu connu nous fait découvrir avec émerveillement une vision nouvelle d'un monument, d'un lac, d'un pont ou de tout autre chose. Malheureusement, pour l'heure, le panorama était plutôt flou et gris.

          Au même instant, l'opérateur de la tour de contrôle de Toulouse Blagnac annonça au pilote qu'il prenait en charge son signal. Courtoisement, il salua les canadiens en leur souhaitant la bienvenue en France. Et sa sympathie fut récompensée en retour par une petite réponse en français, agrémenté de cet inimitable accent québécois.

          Edwin Howking s'adressa à son copilote:

          - "je te laisse deux minutes, je vais rechercher du café chez les miss"

          - "Ok !" et Alberto Maroucci bascula la commande micro sur son casque.

           Dans le sas qui séparait le poste de pilotage de la cabine passagers, Edwin croisa le regard de Sandra. Il s'approcha d'elle et, la serrant dans ses bras, l'embrassa avec passion. Chaque voyage était le prétexte pour permettre à leur relation illégitime de s'extérioriser. Ils s'aimaient en secret, mais seulement de leurs conjoints respectifs. En réalité, leurs collègues et pour certains, amis, faisaient semblant de ne pas être au courant. Le cliquetis des anneaux du rideau les extirpa de leur moment d'intimité:

          - "pardon !" fit Marie-Agnès gênée, "vous voulez du café ?" ajouta t'elle comme pour s'excuser d'avoir interrompu le langoureux baiser.

          - "merci, j'étais justement venu en chercher" et Edwin attrapa la bouteille thermos que lui tendait Marie-Agnès. Puis il tourna les talons en clignant de l'œil vers Sandra au passage.   

         Sandra quitta elle aussi le petit réduit évitant ainsi les silences explicites, elle préféra remplir son rôle en vérifiant de proche en proche que chaque passager avait été servi et qu'il était satisfait du service. En professionnelle qu'elle était, elle s'était re-concentrée sur sa mission, laissant en arrière et pour plus tard ses passions amoureuses. Elle ramassa consciencieusement une revue tombée dans l'allée et la glissa dans l'aumônière devant les jambes du passager endormi qui l'avait laissée tomber.

          Une déflagration assourdissante pulvérisa le réacteur extrême droit de l'avion, tout le fuselage en fut ébranlé et une énorme boule de feu lécha les hublots, illuminant tout l'intérieur de la cabine passagers.

...

Lien vers le titre complet:   Collision

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